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ligue nationale
de volley

«Un truc qui restera dans nos mémoires»

le 30/05/2022
Coach du MHSC, Olivier Lecat savoure ce titre de champion de France, fruit d’un travail entamé par le technicien du club héraultais depuis six ans et nourri aussi par la déception de tout un groupe après l’élimination en demi-finales la saison passée.
lnv

Olivier, avec quelques jours de recul, comment vivez-vous ce titre de champion de France de Montpellier ?
On a fêté cela dignement, comme il se devait. On a savouré, on s’est reposé un petit peu, deux trois jours. Là, toutes les vraies, les bonnes émotions reviennent. C’est une certaine fierté d’avoir accompli cela. Ça résume aussi un parcours entrepris depuis quelques années, pour donner un peu de lumière sportive à ce club qui est un des clubs importants dans le patrimoine du volley français. C’est un mélange d’extrême joie et de fierté du boulot bien accompli. Maintenant, c’est une étape dans l’évolution d’un club. Il faut apprécier et se remettre immédiatement au boulot. Le plus dur commence : stabiliser tout ça. Mais on a aussi envie de profiter de ce bonheur. Ce qui m’a le plus touché, c’est la possibilité de vivre un bonheur partagé, avec une salle magnifique. S’offrir la fin à la maison a été un facteur multiplicateur des émotions.

Comment expliquez-vous cette solidité sur ces Play-Offs, avec aucun match perdu ?
C’est la conclusion d’un travail avec ce groupe sur les deux dernières années. L’an passé, on gagne la saison régulière, on fait une saison sans accroc, on arrive très confiant en Play-Offs, mais on n’arrive pas à conclure notre rêve (élimination en demi-finale par Chaumont). Cela a été une énorme cicatrice. Une défaite qui fait mal mais qui te propulse aussi vers quelque chose qui te fait du bien. Moi, cette défaite m’a nourri. On s’était mis dans cet état d’esprit de «faire sauter la banque». Les Play-Offs, c’est une courte période sur laquelle il faut être quasi intouchable pour aller «braquer» le trophée. C’était une profonde déception, mais on n’a pas lâché. On a digéré, on s’est nourri de cela et aussi des difficultés rencontrées pendant cette saison, en décembre-janvier notamment. On devient solide pour aller gagner des titres. Le résumé de cette année, avec le recul, c’est que des difficultés, on peut faire de très grandes choses. La difficulté, il ne faut pas la fuir, il faut la travailler, se placer dans les solutions. Il y a eu aussi l’arrivée de Luka Basic qui a redonné au groupe un air, en disant ça y est, on est enfin armé, on peut bosser ! C’est une multitude de petits facteurs qui ont fait que ça s’est resolidifié. Le niveau de jeu, on l’avait et on a pris au fur et à mesure une grande confiance dans le moment. Se ressentir fort physiquement, prêt à aller au combat tous les jours. On s’est construit, on a eu cette intelligence relationnelle de ne pas paniquer quand c’était dur, d’essayer de rester un peu plus froid. C’est ce qui nous ressemble depuis quelques années maintenant. Après, il y avait un farouche désir dans cette équipe d’aller gagner depuis deux ans. 

 

Vous avez notamment fait preuve d’une remarquable constance tout au long de ces Play-Offs ?
La constance oui. Et le niveau collectif. En fonction des matches, des sets, on a vu différent joueur émerger. On a réussi, pour moi, à atteindre ce qu’est la définition principale d’une équipe et d’une force collective. Et c’est tellement dur à créer, on a vraiment besoin de tout le monde. On a réussi, tous ensemble, à faire un peu de tri dans ce que l’on est chacun, les uns, les autres, pour s’unir et faire un truc qui restera dans nos mémoires. Les belles victoires sont le carburant du sportif de haut niveau, mais les titres, ce sont les souvenirs, des moments partagés qui restent à vie. Ça fige. 

 

Comment avez-vous abordé cette finale face à Tours et notamment le match 1 à Grenon, citadelle imprenable en LAM jusque-là cette année ?
Le discours est quasiment le même depuis le début de la saison : penser à nous, à ce que l’on est capable de faire et surtout ne pas vivre dans les statistiques, Tours n’a pas perdu chez lui, Tours a perdu des finales etc… Partons de nous. Ces statistiques-là ne sont pas des leviers. C’est comme le poids sur nos épaules, le Montpellier Volley qui court après un titre depuis tant d’années. Je ne suis là que depuis six ans et quand je suis arrivé, le club venait de se sortir in extremis d’une relégation en Ligue B. En six ans, on a réussi à reconstruire quelque chose avec une méthode partagée. On a été focalisé sur nous, sur nos difficultés, nos potentialités, nos qualités, notre capacité à pouvoir jouer très fort en équipe. Ce dont je suis le plus fier dans ces Play-Offs, c’est le niveau de notre jeu. Quand tu es entraîneur et que ton équipe joue bien, tu es hyper heureux car l’équipe s’éclate. On était très motivé, mais très tranquille. On n’est pas allé dans les grands discours. Le plus important, c’était nous. On est arrivé à Tours, on était relativement libéré, confiant par notre parcours. Quand tout est réuni, il ne faut pas en faire trop. Les mecs étaient bien, l’équipe jouait bien. On avait deux questions : étions-nous en capacité de reproduire cela lors d’une finale ? Et pouvions-nous le faire en démarrant à Tours, qui est difficile à attraper dans sa salle ?

Vous êtes arrivé à Montpellier il y a six ans, vous avez endossé ce costume de bâtisseur, pierre après pierre. Est-ce qu’il n’y a pas aussi, dans ce titre, une certaine fierté personnelle ?
Je suis conscient de ce que j’ai fait ici. Je sais l’investissement que j’ai eu. Mais je suis un mec d’équipe, je ne l’ai pas fait tout seul. On s’est croisé à un moment où tout le monde avait envie de ça. J’ai essayé de fixer un cap sportif, un cahier des charges. C’est l’aboutissement d’un travail d’équipe entre la partie sportive, les dirigeants qui ont fait un boulot énorme. Globalement, j’ai fait mon taf. Je pense qu’aujourd’hui, on est plus prêt, dans le travail collectif, à digérer ce que l’on vient d’accomplir et ne pas se retrouver sous pression. C’est une intime conviction, mais c’est la saison prochaine qui va nous le dire. L’ambition est de stabiliser la performance sportive là-haut, dans le Top 4, et d’être régulièrement au rendez-vous des finales. C’est un autre challenge.

Que peut changer une qualification en Ligue des Champions ?
Il faut le vivre en restant humble et très ambitieux d’être à la hauteur de ce que l’on s’est offert. Tu vas côtoyer pendant ce moment-là une exigence d’organisation, peut-être des clubs prestigieux en fonction du tirage au sort et tu vas continuer de te nourrir d’exemples différents. C’est encore une marche, un levier pour continuer de grandir et avoir envie d’y retourner.  

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