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ligue nationale
de volley

Le nouveau destin d’Amélie

le 01/02/2023
L’ancienne pointue du Pays d’Aix Venelles a endossé le costume de réceptionneuse-attaquante à Béziers. Un nouveau club, un joli défi qu’Amélie Rotar est en train de relever avec brio depuis le début de la saison, participant allégrement à la belle dynamique actuelle des Angels, invaincues depuis plus de deux mois en LAF.
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C’est un peu comme si elle avait pris la serpe pour essarter sa nouvelle voie. A 22 ans, tandis que l’avenir lui tend les bras, que 2024 est là, sous ses yeux, sublime horizon olympique, Amélie Rotar a décidé de faire rouler les dés, en se disant que l’audace ferait toujours plus de fortunes que la prudence. Elle, l’attaquante pure, née fine pointe au volley, est cette saison sortie de «sa zone de confort», comme elle dit, en passant de pointue à réceptionneuse-attaquante. Ce n’est pas tout à fait nouveau, ni vraiment la première fois. Avec l’équipe de France, depuis la fin de l’été 2021, Amélie a déjà un peu expérimenté la chose et tâter du fond de terrain.

En revanche, en LAF, c’est une nouveauté, autant qu’un réel challenge, un risque pris par la joueuse, mais aussi pleinement partagé et assumé par le club de Béziers, totalement impliqué dans l’opération métamorphose. «C’est sûr que cela fait un bon changement de passer de pointue à réceptionneuse-attaquante», sourit d’emblée la Martégale. «La décision vient de moi, mais c’est aussi un choix par rapport à l’équipe de France, où je me suis rendu compte que je m’épanouissais plus à ce poste.»

En quête d’un champ pour une nouvelle expression, Amélie a donc atterri à Béziers, après avoir quitté son «sérail», sa terre nourricière du Pays d’Aix Venelles. Le club héraultais n’a pas hésité à miser sur l’attaquante internationale. «Amélie a pris le risque de changer de poste. Dans une carrière, ce n’est pas simple, a fortiori en changeant de club. C’était son vœu, on le savait, c’était aussi un risque pour nous. On a accepté ce risque avec elle, on a accepté le projet avec elle, en mettant une équipe autour pour cela. Et on ne le regrette pas. C’est un bonheur de travailler avec Amélie, c’est un bonheur pour le groupe», raconte Fabien Simondet, le coach des Angels.

Pourtant, les premiers pas furent, logiquement, un peu tâtonnants. «Ce n’est pas comme si je repartais de zéro dans le volley, mais pour moi, la réception, c’était un nouveau monde», avoue la Française. Mais Amélie n’est pas seule. Pendant qu’elle parfait son apprentissage au poste, la meilleure libéro du monde, Justine Wong-Orantes, colmate les brèches et sa compère réceptionneuse-attaquante, Avery Skinner, prend elle aussi beaucoup de place, allégeant ainsi la tâche d’Amélie.

Ainsi entourée, presque «protégée», l’ancienne pointue va vite épouser les coutures de son nouvel habit et les progrès sont aujourd’hui assez fulgurants. «En début de saison chaque ballon pour elle était un calvaire. Elle avait peur de mal faire, alors qu’aujourd’hui, elle a confiance, elle est plus relâchée, elle se fait plaisir. On sent les choses se mettre en place, elle passe un cap sur ce poste», convient Fabien. C’est mentalement, notamment avec l’aide précieuse de son préparateur Christian Penigaud, qu’Amélie a opéré la bascule décisive. «A ce poste, tout est dans la tête», confesse-t-elle. «Au début de saison, je me disais «purée pourvu qu’elle ne serve pas sur moi », aujourd’hui, je recherche le défi avec la serveuse.»

De plus en plus à l’aise en réception, Amélie continue aussi à faire son miel sur ses dons naturels, ses qualités innées d’attaquante. Avec Avery Skinner et Bianca Cugno, Béziers dispose d’une force de frappe aux ailes assez redoutable et Amélie peut ainsi doubler les plaisirs et faire ronfler la machine. Avec 16,5 points de moyenne par match, l’internationale française est d’ailleurs la cinquième marqueuse du championnat. «Au début, j’avais quelques craintes, celles de mélanger un peu tout : être mauvaise en réception et mauvaise à l’attaque. Là, je sais que je vais être la cible en réception, mais je n’oublie pas mes qualités offensives. Avoir des ballons, c’est ce qui m’alimente, plus j’ai des ballons, plus je me sens en confiance. J’aime beaucoup le rôle que j’ai cette année», avise Amélie, qui s’est régalée à attaquer 51 ballons au Cannet il y a une semaine en Coupe de France (victoire de Béziers 3-2).

Si Amélie a bien conscience qu’elle demeure encore largement perfectible en réception, elle sait aussi qu’elle est sur le bon chemin. Son destin, désormais, est bien tracé. Et Béziers surfe sur la dynamique. Les Angels compilent huit victoires consécutives en LAF et lorgnent maintenant sur la deuxième place, tenue par Paris, à seulement deux points devant. «On devient gourmand mais on reste humble dans ce que l’on fait. On essaie de garder cette dynamique le plus longtemps possible», résume Fabien, avec sagesse. Quant à Amélie, au cœur d’une saison de métamorphose, les anneaux olympiques ne sont jamais bien loin. «Les JO sont dans un coin de la tête, c’est normal. Mais j’essaie de mettre cela de côté, de me concentrer sur la saison.» Le défi est immense et tant de belles choses semblent déjà se mettre en place.

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