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ligue nationale
de volley

Nathan, la belle édition

le 30/11/2022
De retour à Chaumont cinq ans après, le réceptionneur-attaquant camerounais, Nathan Wounembaina, est en terrain connu. A 38 ans, il n’a rien perdu de sa soif de vaincre et continue de tenir un rôle de leader qui lui colle à la peau.
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A l’écouter se raconter, sur un ton posé et délicat, sans heurt, avec ce sempiternel sourire en fin de phrase, on pourrait aisément se dire que Nathan Wounembaina a basculé, qu’il est passé du côté des vieux sages. A 38 ans, il n’y aurait d’ailleurs dans cette évolution rien de plus logique au regard du temps qui passe. Mais les mots sont parfois trompeurs. Derrière la finesse du trait à l’oral, se cache toujours un monstre de compétition, un carnassier, un gagneur invétéré, qui continue d’aimer le jeu et les victoires comme au premier jour.

Et plus encore peut-être cette saison, alors que le réceptionneur-attaquant camerounais effectue son retour dans le championnat français, après une escapade en Lybie et une saison dernière pas vraiment aboutie à Vérone, en Italie. Et ce n’est pas n’importe où, c’est à Chaumot. Une terre qu’il connaît par cœur, un champ qu’il a ensemencé de 2013 à 2017, jusqu’à l’apothéose et le premier titre de champion de France du club haut-marnais au printemps 2017. Nathan Wounemabaina était alors capitaine. Il n’a rien oublié et ce retour en Haute-Marne a forcément une saveur particulière. «Je voulais revenir en France. Ce n’était pas la seule proposition, il y en a eu quelques-unes, mais Chaumont reste un club particulier pour moi, j’y ai fait quatre saisons, gagné le titre de champion. Et cette année, il avait le profil et des objectifs qui me correspondaient. Moi, ça ne m’intéresse pas de ne faire que les Play-Offs ou les demi-finales. Moi je veux gagner !», clame celui qui pointe, après dix journées, au premier rang des plus costauds en réception, avec 64% de réceptions positives !

Nathan n’est donc certainement pas en pré-retraite en Haute-Marne. Dans une équipe ultra complète, où Silvano Prandi a tout loisir de chambouler son six de base et ses rotations prioritaires d’une journée à l’autre, Nathan Wounembaina accepte les choix du coach sans broncher. «Le coach fait ses choix, c’est lui qui décide, en fonction des adversaires, de la qualité du service adverse. Je pense que j’ai une réception qui est encore pas mal  (sourire)», résume le Camerounais, pas frustré pour deux sous de ne passer parfois que des bribes de match sur le terrain. «L’équipe est complète, très homogène, le coach n’a que l’embarras du choix. Il n’y a pas de frustration parce que je sais que quand les moments importants se présentent, je vais répondre présent et le coach va me faire confiance. Il me connaît suffisamment pour savoir comment m’utiliser.»

Nathan est un leader. Silvano Prandi le sait. Son ADN est ainsi, fiché depuis ses premiers pas professionnels. «J’ai toujours eu un rôle de leader, j’ai cela dans le sang et cela ne va pas changer que je sois ou non sur le terrain. J’ai le rôle du modérateur, de l’ancien. Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai toujours été comme ça. Depuis que je suis revenu à Chaumont, j’essaye de ne pas prendre trop de place et pour l’instant, ça se passe super bien. Mais quand il faut dire quelque chose, je le dis», résume l’international camerounais.

Il est d’autant plus légitime à faire entendre sa voix qu’il fait le taf sur le terrain dans l’écurie qui mène le bal après dix journées de championnat. Les années passent, mais Nathan se sent toujours fringant. «C’est un ensemble de choses», évalue-t-il. «Ce que je bois, ce que je mange, le nombre d’heures que je dors, c’est tout un tas de sacrifices pour jouer longtemps. Je travaille aussi beaucoup avec le préparateur physique, avec le kiné. Dès que j’ai un petit bobo, je ne prends pas de risque, je me soigne. Tout cela fait que je joue encore à ce niveau-là, à cet âge-là. J’ai la chance d’être bien physiquement et je me sens de plus en plus fort au fil des semaines, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour les adversaires», sourit-il.

Et Chaumont en profite. Avec huit succès en dix matches et la première place LAM, le CVB 52 est dans les clous hexagonaux. En revanche, il est déjà sorti du chemin en CEV Cup, évincé par Belchatow. «On a raté notre qualif là-bas. On perd 3-2 un match que l’on aurait dû gagner 3-1, voire 3-0», regrette le double champion de France avec Tours (2018, 2019). Mais la page est tournée. Chaumont veut maintenant rayonner sur la LAM. Un championnat que Nathan estime plus fort que jamais. «Franchement, la LAM est plus forte qu’il y a deux ans. Il n’y a pas un match où on peut se dire allez on joue à 50%. On l’a vu à Toulouse où on perd 3-2 ! On l’a vu avec Tours qui perd à Poitiers. En France, tu ne peux pas jouer un match à 50%, ce n’est pas possible. C’est l’un des championnats les plus denses, les plus homogènes et les plus difficiles du monde.» Un championnat dans lequel, Nathan, à 38 ans, continue de tenir une grande place. 

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